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Le papillon des nuits d’hiver

Aline s’apprêtait maintenant à descendre du bus. Celui-là l’avait amenée de la gare jusqu’au petit village de campagne dont elle avait encore oublié le nom exact. Aline s’efforçait de trouver un prétexte pour ne pas culpabiliser : comment ne pas être déconcentrée avec ce mauvais temps qui ne s’arrangeait pas ? Il faisait nuit en effet et une pluie verglaçante venait fouetter violemment la vitre contre laquelle elle avait appuyé sa tête pendant tout le voyage.

À peine à l’extérieur, la jeune femme sortit son parapluie et regarda dans toutes les directions. Oui, elle était bien là, cette voiture, telle qu’on lui avait décrit, qui attendait les phares allumés et cette femme qui lui faisait de grand signes derrière son pare-brise la rassurèrent aussitôt : elle n’allait pas devoir attendre seule sous la pluie pendant une éternité. L’autre femme ouvrit précipitamment la portière et courut vers Aline pour lui prendre sa petite valise. Elle lui arracha presque des mains, la plaça dans le coffre et lui fit signe de se dépêcher de monter. En un instant, la voiture était déjà loin.

Aline était trempée et se rendait maintenant compte que la femme au volant n’avait pas prit le temps de se couvrir elle-même et était toute aussi ruisselante. Cette dernière eut un frisson nerveux puis finit par demander :

– Alors ? Vous avez passé un bon voyage j’espère ! Vous devez être épuisée et affamée.

– Oh, t… vous savez…ça n’a duré que deux heures et des poussières. Il fait surtout très froid.

Aline n’avait pas très envie de bavarder, elle se sentait très fatiguée, et même gênée que son interlocutrice ait voulu s’adresser à elle en la vouvoyant. Après quelques échanges anodins, Aline l’observa du coin de l’œil : c’était une femme brune aux cheveux assez courts, plutôt fine et belle, qui semblait avoir une quarantaine d’années.

– Excusez-moi mais, c’est quoi votre nom déjà ? demanda Aline lorsqu’elle vit que la femme s’était aperçue qu’on la regardait de travers.

– Ah oui ! Désolée ! Je conduis et j’en oublie l’essentiel : je m’appelle Alicia, c’est moi qui vais vous héberger chez nous jusqu’à lundi. Et vous, c’est comment déjà ? Aline c’est ça ?

– Oui c’est ça. répondit Aline dans un souffle. Et quel âge avez-vous ?

Alicia sembla se crisper l’espace de quelques secondes sur le volant tant la question lui semblait inattendue voire impolie. Elle se mit à sourire pour ne pas montrer qu’elle avait été prise au dépourvu.

– Vous êtes une petite curieuse je vois ! J’ai trente-neuf ans. C’est drôle que vous me posiez cette question parce que je vais fêter mes quarante ans après-demain. Et vous ? Vous avez l’air très jeune, quel âge avez-vous donc ?

– J’ai vingt-deux ans Madame. On peut se tutoyer si ça ne vous dérange pas ?

– Bien sûr que non ! Pas de problème, tu peux m’appeler Alicia. Nous ferons plus ample connaissance quand nous serons arrivées, il nous reste à peine dix minutes de route.

Alicia avait prononcé cette dernière phrase sur un ton très aimable mais légèrement nerveux. Aline quant à elle venait de comprendre que son hôte était une personne très probablement timide de nature. Elle décida donc de la laisser se concentrer sur son chemin, rendu d’autant plus tortueux par les giboulées et la nuit sans étoiles, et de somnoler pendant le temps qu’il restait avant d’arriver.

Alicia arrêta le moteur et tout redevînt silencieux. Elle pouvait enfin tourner la tête et prendre le temps de regarder de près la petite jeune fille qui s’était endormie à côté d’elle. Alicia commença par lui dire simplement qu’elles étaient arrivées à destination, mais alors qu’elle s’apprêtait à refermer la portière derrière elle, Aline n’avait toujours pas bougé. Alicia reposa son regard sur la jeune fille dont le visage était décontracté, serein, ses cheveux noirs tombant sur ses épaules et encore humides à cause de la pluie. Elle se résigna à lui secouer légèrement l’épaule gauche pour la sortir de sa torpeur, Aline finit par ouvrir les yeux, sourit, et suivit Alicia jusque dans la maison.

******

La pluie avait commencé à se calmer lorsque Aline entra chez son hôte et posa son petit bagage dans le salon. Elle se frotta les yeux et demanda aussitôt :

– Il doit être au moins dix heures et demie, je vais porter mes affaires là où tu veux que…

– Non, non, ne t’en fais pas, répondit Alicia toute gênée, tu es fatiguée, je vais te les porter moi-même dans la mezzanine, tu dormiras là-haut, tu y seras bien tranquille ! Assied-toi, et je reviens tout de suite.

En écoutant les bruits sourds d’Alicia qui montait le bagage dans la mezzanine, Aline regarda autour d’elle à quoi ressemblait ce nouvel environnement. Il y avait une petite cuisine avec une table tout juste assez grande pour que deux personnes y mangent en même temps. Le salon, lui, était au contraire abondamment décoré et donnait une impression assez chaleureuse et accueillante.

– Tu vis seule ? demanda Aline dès qu’elle entendit son hôte redescendre les escaliers.

– Je vivais avec ma fille, mais elle est partie à l’étranger pour deux ans. Un stage professionnel à la base, mais je crois qu’ils vont peut-être lui proposer un contrat. C’est une chance, mais c’est long comme absence. Viens dans la cuisine je vais nous faire du thé ou un café si tu préfères. Tu veux manger quelque chose ? Tu as dîné avant de prendre le bus ?

– Je veux bien un fruit si tu en as, répondit Aline en souriant. Mais je n’ai pas très faim pour l’instant, j’ai surtout sommeil.

Alicia commença alors à raconter à Aline plusieurs anecdotes de sa vie, sur sa famille, ses projets, ses goûts, et cette dernière l’écouta pendant un long moment jusqu’à ce qu’elle ose avoir l’indélicatesse de la couper et de lui demander la permission d’aller se coucher. Alicia se rappela alors de l’état de fatigue de son invitée, s’excusa et l’accompagna dans la mezzanine pour lui montrer sa nouvelle chambre.

– Voilà, tu dormiras dans ce lit, il n’est pas très grand mais j’imagine que ce sera bon quand même. Dans le pire des cas il y a un autre matelas plus large derrière l’armoire pour dormir sur la moquette si tu te sens trop à l’étroit. Tu veux que je te l’installe au cas où ?

– Non ça ira ne t’inquiètes pas, fit Aline d’un signe de tête.

– Parfait ! Donc je te laisse, nous nous verrons demain matin. Tu pourras te lever à l’heure que tu veux puisque c’est samedi demain. Je serai en bas si tu as besoin de moi, d’accord ?

– Merci beaucoup !! C’est très gentil ! Bonne nuit !

Aline s’allongea sur ce lit qu’elle trouva effectivement trop étroit et inconfortable, comme si quelqu’un avait voulu l’enfermer dans une sorte de cage de laquelle elle ne pouvait pas s’échapper. Pour tenter de se détendre, elle regarda le ciel visible par le velux et écouta le bruit des pas d’Alicia sur le carrelage, qui semblaient de plus en plus lointains. Il y avait des étoiles maintenant dans le ciel dégagé et lorsque Aline sentit un frisson la parcourir de la tête aux pieds, elle se recroquevilla sous sa couverture bien chaude et ferma les yeux en attendant que le sommeil face son œuvre.

Aline ouvrit les yeux. C’était le matin. Le ciel était devenu bleu marine, puis au fil des minutes de plus en plus contrasté. La jeune fille pensa que le soleil n’allait pas tarder à se lever. Étant en hiver cela signifiait qu’il était déjà tard. Aline jeta un coup d’œil sur son smartphone et décida de descendre au rez-de-chaussée car elle entendait depuis un moment des bruits qui semblaient indiquer qu’Alicia était déjà debout.

En arrivant dans la petite cuisine où elle avait apprit tant de choses sur son hôte, pourtant si timide de façade, Aline s’efforça de sourire et de réprimer un bâillement, puis elle alla se glisser derrière Alicia qui lui tournait le dos. Elle lui tapota l’épaule de son doigt. Alicia eut un bref sursaut, elle laissa échapper un petit cri de surprise à peine audible, mais ne renversa pas le café qu’elle était en train de verser dans deux tasses. Elle se retourna vers Aline.

– Je vois que tu as bien dormi, dit-elle avec un petit rire espiègle. Tu m’as fait peur ma grande ! Je vais te donner une paire de pantoufles, histoire que t’attrapes pas la crève…et pour qu’on puisse t’entendre arriver par la même occasion. Tu tombes à pic, j’allais justement prendre mon café.

Les deux femmes prirent ainsi leur petit-déjeuner dans la même ambiance cordiale que la veille. Aline avait mal récupéré mais essaya de s’intéresser davantage à Alicia et de se montrer plus attentive que la dernière fois. Elle lui posa une multitude de questions sur sa personnalité et sur sa vie, puis aborda un sujet dont elle connaissait l’importance.

– C’est donc ton anniversaire demain. Qu’as tu prévu de faire ? Ce n’est pas n’importe quelle occasion quand même !

Alicia sourit. Elle semblait tout à la fois heureuse et stressée à cette idée. Ses pommettes prirent une teinte rouge et son regard devînt fuyant :

– Je sais pas trop, dit-elle, tu sais je dois aujourd’hui aller voir plusieurs de mes amis mais ils partent en vacance en fin d’après-midi, donc je ne pense pas qu’il y aura de soirée très festive ce soir.

– Tu ne vas pas avec eux ? Pas de famille, de frères, cousins qui habitent pas très loin d’ici et qui pourraient passer faire coucou ?

– Malheureusement non, répondit Alicia les yeux toujours baissés, il faut dire que je ne vis pas dans un endroit où on se plaint de la foule. J’avais prévu de voir le reste de ma famille en début de semaine prochaine et je reprend le travail lundi. Je vais donc partir tout à l’heure et je reviendrai vers cinq heures du soir. Tu seras un peu seule…

– Tout va bien ! Tout va bien ! Ne t’occupes pas de moi, profite de ta journée, tu me raconteras tout ce soir quand tu reviendras. Je ne connais pas encore bien la maison mais je me débrouillerai sans problèmes.

Alicia releva les yeux vers Aline, souriante et visiblement rassurée. Elle lui expliqua ainsi quelques astuces et recommandations à suivre pendant son absence, puis quitta la maison en fin de matinée.

******

Alicia revînt chez elle plus tard que prévu, ses amis ayant voulu passer un maximum de temps en sa compagnie et lui faire passer un bon moment de convivialité. Dès que la porte fut franchie, elle alla déposer son sac à main et accrocher son manteau comme pour se débarrasser de deux fardeaux devenus trop lourds. Assise sur le canapé dans le salon, elle appela Aline. Et une minute plus tard, la jeune fille descendait et venait s’asseoir près d’elle.

– Alors ? Demanda Aline les yeux pétillants et un large sourire au visage.

– Super génial ! Ils m’ont gâtée ! Des roses blanches, du parfum, un séjour au bord de la mer, et surtout, un tas de cartes de vœux bien ridicules !

Alicia riait de joie, elle avait effectivement passé un très bon moment avec tous les gens qui comptaient pour elle, pensa Aline.

– Moi aussi je t’ai préparé une petite surprise…mais tu ne la verra que demain matin, dit Aline.

Alicia ouvrit de grands yeux à la fois perplexes et remplis de joie :

– Oooh c’est très attentionné de ta part Aline. J’espère que ce n’est pas grand chose ! Tu n’es pas obligée de m’offrir quoi que soit, nous nous sommes parlées au téléphone il y a une semaine et nous nous connaissons seulement depuis hier !

Aline sourit et répondit juste :

– Et alors ?

Alicia sourit à son tour et se remit à discuter avec la jeune fille pendant un long moment, puis les deux femmes gagnèrent la cuisine pour y préparer ensemble le repas du soir. Elles ne se refusèrent rien, bavardèrent encore très longtemps, et au terme de ce copieux dîner, Alicia eut l’impression d’avoir enfin trouvé une complice, une amie, une personne à qui se confier et parler sans retenue. Elle trouvait en effet la jeune fille bien mûre pour son âge et douée d’une capacité d’écoute et de compréhension comme elle en avait rarement vue. Aline avait l’air elle aussi plus à l’aise en présence de son hôte et lui parlait plus librement de ses inquiétudes de jeune fille. Et lorsque la table fut enfin débarrassée, elle regarda Alicia dans les yeux et lui d’un ton très calme :

– J’ai une idée. Tu veux bien venir me rejoindre après dans la mezzanine, comme ça on pourra bavarder jusqu’à pas d’heure, se raconter des histoires, et comme c’est dimanche demain….

– Euh..eh..eh bien oui, pourquoi pas ? C’est pas tous les jours qu’on peut passer une nuit blanche à bavarder entre filles, répondit Alicia le ton hésitant.

En effet, Alicia était perplexe et se demandait bien de quoi elles allaient pouvoir parler après toutes ces heures passées à se raconter leur vie respective. Mais au vue de la situation assez inhabituelle et du plaisir qu’elle avait à voir Aline partager ces quelques jours en sa compagnie, elle se dit qu’il valait sûrement la peine de partager plus de temps ensemble. Ainsi, une demi-heure plus tard, Alicia monta les marches qui conduisaient à la mezzanine et découvrit que le grand matelas était installé sur la moquette avec une alèse, une grande couette bien chaude et deux oreillers. Alicia resta quelque seconde bouche bée et mis un moment avant de trouver ses mots.

– C’est toi qu..qui..qui a fait..ça ?

– Oui, j’ai pensé qu’on serait beaucoup plus à l’aise là-dessus vu que le plafond n’est pas très haut. Et on pourra mieux voir les étoiles par le velux comme ça…c’est sympa non ? T’en penses quoi ?

Alicia déglutit, mal à l’aise et répondit le plus sereinement possible :

– Aline. Je ne vais pas me coucher dans le même lit que toi. Je te connais à peine, je t’apprécie beaucoup mais nous ne sommes pas comme deux meilleures amies qui se connaissent depuis toutes petites, et en plus…je pourrais être ta mère…ça me semble un peu…déplacé.

Alicia avait osé dire ce qui l’avait dérangée et s’attendait maintenant à ce qu’Aline se montre à son tour mal à l’aise, ou du moins, surprise. Mais cette dernière se mit à rire et répondit sur un ton décontracté :

– Oui je sais, mais je ne suis pas ta fille, et ça n’a rien de déplacé Alicia. Je pensais juste qu’on pourrait passer un meilleur moment en s’allongeant là-dessus et…je ne te demande pas de dormir avec moi. Alors, c’est d’accord ?

Le visage d’Alicia sembla se fermer, se durcir, se yeux redevinrent fuyants, comme s’ils trahissaient le désordre indescriptible qui régnait alors dans son esprit confus. Elle demeura ainsi dans cet état, pendant ce qui sembla être une éternité, puis elle fixa une Aline restée imperturbable et lui répondit :

– Écoute, je ne sais pas. De toute façon il faut que j’aille me doucher maintenant. Je reviendrai, te voir après pour te souhaiter bonne nuit, et on verra à ce moment là.

Aline n’eut pas le temps de répondre car Alicia avait tourné les talons et descendait déjà les marches de l’escalier en bois. Elle comprenait que son hôte se sentait au mieux dubitative et dans le pire des cas, très offensée. La jeune fille décida alors de s’allonger sur le ventre et de continuer, à la lueur de sa petite lampe de chevet, la lecture d’un livre qu’elle avait entamée dans le bus, le jour précédent. Alicia avait éteint toutes les lumières du rez-de-chaussée derrière elle, et le silence qui régnait permettait à Aline d’entendre les bruits venant de la salle de bain. Lorsque ceux-là se turent, elle sentit son cœur battre plus vite et ses mains trembler légèrement : « Va-t-elle revenir me voir ou vas-t-elle aller se coucher vexée ? » pensa Aline. Les minutes passèrent, puis soudain, on pouvait reconnaître ces craquements qui signalaient que quelqu’un était en train de gravir les marches pour gagner la mezzanine. Aline sentit un frisson la parcourir, puis elle se retourna. C’était Alicia. Elle se tenait là en haut de l’escalier, pieds nus et en chemise de nuit. Elle afficha un sourire de façade derrière lequel se cachaient ses dents, adopta un ton qui se voulait amical et dit :

– Bon aller, tu me fais une petite place dans ton nid ?

Aline sentit bien qu’Alicia avait fourni un effort considérable pour revenir la voir, et qu’elle avait eu du mal à accepter l’idée de cette promiscuité soudaine. Elle lui sourit avec toute la bonne volonté qu’on puisse trouver et lui fit signe de s’allonger à côté d’elle.

******

Aline, elle, avait enfilé son pyjama et était déjà sous la couette. Alicia venait juste de s’allonger sur le dos à côté d’elle lorsqu’elle lui dit :

– Tu lis quoi de beau ?

– Oh ! Un vieux roman que j’ai depuis longtemps.

– Je peux ?

Aline tendit à Alicia son livre et se rapprocha d’elle afin que les deux puissent lire les pages.

– Tu peux en lire un morceau si tu veux. Pas à voix haute bien sûr ! Je l’ai déjà lu au moins trois fois. Lis donc les cinq pages qui viennent et tu me dira ce que tu en penses d’accord ?

Alicia accepta aussitôt et Aline sentit encore une fois, au son de sa voix, qu’elle était contente qu’on lui propose une échappatoire pour que le temps passe plus vite et qu’elle soit plus vite délivrée de ce face-à-face inconfortable. Mais alors que cette belle femme introvertie et délicate, se réfugiait dans le silence de sa lecture, Aline sentait la tension monter, comme si elle était capable de sentir le pouls de son hôte grimper tout doucement. Alicia était plus proche de la lampe de chevet, et la lumière éclairait abondamment son visage et ses cheveux. Aline ne pouvait s’empêcher de regarder ses bras dénudés, son cou, ses lèvres qu’elle se mordait parfois nerveusement, et son décolleté qui laissait entrevoir la naissance de ses seins. Alicia quand à elle, suivait les lignes de son texte d’un mouvement mécanique des yeux jusqu’à ce que cette régularité s’interrompe. Elle venait de sentir la caresse d’un petit doigt le long de son bras.

Aline avait l’impression que son cœur allait exploser tant elle avait redouté ce moment. Et si Alicia réagissait sous le coup de la peur, de la colère ? Si ce geste la rendait furieuse ? Les secondes parurent des siècles, puis, des millénaires plus tard, il sembla que les yeux d’Alicia reprenaient leur danse avec les mots de la page. Aline refoula un frisson de plaisir et continua de caresser avec le plus de douceur possible cette peau si douce, de l’épaule jusqu’au coude, jusqu’à ce qu’Alicia lève les yeux du livre.

– C’est intéressant, dit-elle, mais je suis un peu fatiguée pour lire maintenant.

Aline posa sa main sur son épaule et lui murmura à l’oreille :

– Tu veux bien rester encore un petit peu avec moi ? On va regarder si il y a des étoiles !

– D’accord mais pas longtemps, répondit Alicia, après un long silence, dans un souffle à peine perceptible.

Aline éteignit la lumière et les deux femmes se retrouvèrent ainsi dans la pénombre. Aline expliqua à voix basse à Alicia qu’il fallait attendre quelques minutes pour que les yeux s’adaptent à l’obscurité et puissent distinguer les étoiles à travers le velux. En rapprochant doucement son oreille de la tête d’Alicia, elle se rendit compte que cette dernière respirait très bruyamment et ne répondait même plus. Alicia sentit Aline se blottir contre elle, sentit le souffle de la jeune fille dans son cou, et sentit une petite main suave se poser, telle un papillon de nuit, sur son bas-ventre.

– Qu’est-ce que tu fais ? Demanda Alicia d’une voix apeurée.

– Je te fais un câlin, répondit Aline d’une voix douce, tu es tellement gentille avec moi.

Aussitôt après avoir susurrés ces mots, Aline déposa un baiser sur l’épaule d’Alicia comme pour la remercier de son autorisation inavouée de continuer à la séduire. Aline écoutait la régularité du souffle d’Alicia qui semblait devenir de plus en plus profond, elle sentait que cette femme était tout à la fois excitée et paralysée par le désir. Puis elle commença à décrire de petits cercles sur la peau de son bas-ventre. Alicia, au bout d’une dizaine de minutes répéta d’une voix tremblante et saccadée :

– Qu’est-ce que tu fais Aline ?

– Ferme les yeux et détend-toi lui murmura Aline dans le creux de l’oreille dans un souffle presque impossible à sentir.

La respiration d’Alicia redevînt progressivement plus posée, mais continuait d’être de plus en plus profonde comme si le temps ralentissait et que les secondes se transformaient en heures. Aline sentait les muscles abdominaux de la belle quadragénaire se contracter de plus en plus régulièrement sous la caresse de ses doigts. L’autre papillon de nuit s’était maintenant posé sur les joues d’Alicia et effleurait ses lèvres dans un lent mouvement de vas-et-vient. C’est alors qu’Aline se rapprocha jusqu’à ce que sa bouche se colle littéralement à l’oreille de sa partenaire. Ce n’était plus des murmures intimes, mais de petits gémissements de plaisirs qu’Alicia pouvait entendre à présent. Elle avait les yeux fermés, et, ne pouvant plus résister à la vague de désir qui la submergeait, elle se saisi doucement de cette main qui lui massait le ventre et la poussa délicatement vers son entre-jambe. Dans un dernier effort de lucidité avant de s’abandonner, elle dit d’une voix presque suppliante :

– Touche moi…s’il te plaît…touche moi…

Aline déposa deux baisers dans le cou de sa partenaire et laissa sa langue en goûter les saveurs exquises. Alicia laissa échapper pour la première fois un gémissement de plaisir. Aline se rendit compte, en explorant le jardin secret de son hôte, que celle-ci mouillait déjà abondamment, et en peu de temps elle découvrit cette sensation incroyable d’avoir trouvé le clitoris de sa partenaire et de le caresser sensuellement.

– Enfonce ! Enfonce ! Gémissait Alicia de plus en plus fort.

Alors Aline caressa puis pénétra sa partenaire avec les doigts, avec autant de douceur qu’elle pouvait. Et à mesure qu’Alicia se rapprochait petit à petit de l’orgasme, Aline commença à lui déboutonner sa chemise de nuit. Elle y découvrit un trésor fabuleux. Elle se mit à caresser les seins d’Alicia et à lui lécher goulûment les tétons, ce qui conduisit cette dernière jusqu’à l’extase. Puis, pour l’accompagner le plus loin possible dans ce plaisir partagé, Aline glissa sa langue entre les dents de la douce Alicia, l’embrassa et l’étreignit ainsi le plus longtemps possible.

Enfin, lorsque Alicia sembla commencer à s’endormir, passé ce merveilleux moment, Aline voulut obtenir une dernière chose de son hôte. Elle retira discrètement sa culotte et essaya de se remettre en position debout. Elle pouvait observer le visage serein et métamorphosé d’Alicia qui semblait dormir comme un ange délivré de tous ses tourments. Elle retira également la couette qui recouvrait le corps alors pratiquement dénudé de sa partenaire, et posa un genou de chaque côté de la tête d’Alicia. Elle commença à s’asseoir doucement jusqu’à ce que leurs lèvres entrent en contact. Et quand Aline sentit le passage sensuel de la langue d’Alicia sur son clitoris, elle laissa échapper à son tour un cri d’extase, avant de plonger, à son tour, dans le cœur de cette fleur qui s’épanouissait sous ses yeux.

Le lendemain matin, Aline se réveilla et ne trouva pas Alicia à ses côtés. Elle la chercha dans toute la maison mais sans plus de succès. Elle décida alors de profiter de l’occasion pour s’éclipser, et lorsque Alicia revînt finalement à la maison avec un bouquet de roses, elle découvrit que Aline était partie, ses affaires avaient disparu. Elle devina cependant sur la grande table du salon, une petite feuille de papier. Alicia sentit monter les larmes dans ses yeux, redoutant ce qu’elle allait lire. Sa petite amante l’avait-elle abandonnée après cette nuit pleine de magie ? Sur le papier était écrite une seule phrase : « Je t’avais promis un cadeau Alicia le voici. » Et Alicia vit écrit plus bas, une heure, un jour et un lieu qu’elle ne connaissait pas.

Nokta 1


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