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Mystère, luxe et volupté, « Ce soir là »

Pieds nus de femme & grand cru bouteille de vin

Pieds nus de femme & grand cru bouteille de vinCe soir là, il faisait bon mais très humide dans la forêt de Buzet. On était à la fin du mois de mars 2013. Il pleuvait beaucoup depuis près d’une semaine ! Lucile pensait à la Martinique où elle avait pu vivre par le passé. La touffeur née de fortes pluies recuites par les premières chaleurs d’un printemps précoce faisait que la Haute Garonne semblait se décorer d’une lourde ambiance de Tropiques. Ce vendredi avait été plutôt terne dans son bureau toulousain. Elle avait clos un dossier d’ingénierie financière très en retard, répondu très gentiment à de caricaturales provocations syndicales, dialogué avec un agent en demande de reconnaissance. Elle avait fait ce qu’on attendait d’elle, et les heures étaient passées sans teneur ni substance jusqu’à cet énigmatique appel téléphonique : 

– « Allo poussin? »
– « Oui mon loup »
– « Tu voudrais sortir ce soir? »
– « Oh oui, carrément »
– « Tu te sens comment? »
– « Bien pourquoi? »
– « Très bien? »
– « Euhh, mais oui! »

– « Bon, alors écoute moi : à 18h30, quand tu quittes le bureau, tu prends l’autoroute, la A68 en direction d’Albi. A la sortie 3, tu la quittes et tu vas jusqu’à Montastruc la Conseillère… »

– « Quoiii? Attend je note Montratruc…? »

– « ..Montastruc!… la Conseillère, oui ! Tu prends alors la D30 et, un peu avant Paulhac, au croisement avec la D32… »

– « …32 ok ! Mais je dois passer à la maison me changer! »

– « Non, tu pars directement… puis tu entres dans la forêt de Buzet, direction de Buzet sur Tarn. Tu fais 600m et tu verras un croisement avec une route forestière, au niveau d’un petit parking. Tu t’arrêtes là et tu marches sur 200 mètres le long de la route forestière. Il sera environ 19h30″

–  » Phil, cela me semble bien mystérieux ! Qu’est ce que tu m’as à nouveau préparé? »

– « Tu verras! Tu me fais confiance ? »

– « Bien sûr. »

– « Alors au bout de 200m, il y aura une voiture, une très belle voiture garée au bord du chemin. Le chauffeur te paraîtra un peu étrange mais n’ai pas peur et fait absolument tout ce qu’il te dira, ok? »

– « Tout? »

– « Oui tout, mais ne t’inquiètes pas, c’est juste un chauffeur, il n’a aucun rôle à jouer! A tout à l’heure »

– « Oui, mais…Phil?…. Phil? »

Il avait raccroché. Lucile n’avait pas rappelé, elle savait qu’elle n’apprendrait rien de plus ! La curiosité commençait à la tenailler, une douce excitation irradiait tout son corps. La nuit était tombée, quand elle arriva au petit parking. Une route forestière en partait, perpendiculaire à la départementale, et se perdait entre d’épaisses frondaisons sombres. La couleur laiteuse du concassé calcaire rayonnait doucement dans l’obscurité et avait un je ne sais quoi de rassurant. La forêt bruissait des premières renaissances du printemps. Des grenouilles chantaient, quelques insectes bourdonnaient, un oiseau nocturme poussait d’étranges grincements, le vent chuintait timidement dans les premières feuilles de l’année.

D’un pas décidé, elle avança le long du chemin. 200 mètres, une belle voiture ? Une masse sombre attendait en effet à quelque distance. Lucile vit rougeoyer un point lumineux, une cigarette. Tout se passait comme prévu. Elle approcha, un homme était adossé à une longue limousine de couleur ivoire ! Elle n’avait jamais vu un pareil véhicule, concentré de luxe, de puissance contenue et d’une infinie élégance ! Le moteur était allumé, et ronronnait, presque imperceptible, comme l’eût fait un gros insecte. A l’avant d’un capot interminable un insigne métallique se composait de deux M majuscules qui s’interpénétraient. Une Maybach, incroyable ! Il ne devait pas y avoir cinquante véhicules de la sorte dans le monde. Le point rouge disparut, l’homme s’avança et apparut soudain dans la lueur pâle d’une lune naissante. Mais était-ce bien un homme ? Il était grand, très grand, bien plus de deux mètres. Ses mains étaient énormes, ainsi que ses pieds. Mais c’était son visage qui était le plus étonnant. Le menton ainsi que les arcades sourcilliaires étaient proéminents, ses pommettes étaient fortement saillantes. Un acromégale, sans aucun doute. Quelque peu effrayée, Lucile remarqua qu’il portait une livrée de chauffeur de maître quelque peu désuète. Le chauffeur enleva sa haute casquette noire et rouge, découvrant un crâne lisse aux curieuses proéminences, il s’inclina gauchement en un salut un peu raide, grimaça un sourire à la fois fruste et aimable. Une voix très grave marquée d’un fort accent russe qui forçait les « r » s’éleva. Elle paraissait sortie du coeur de la nuit :

– « Bonjourr madame. Mon nom est Serrrgueï. Soyez la bienvenue. Des vêtements vous attendent à l’arrièrrre de la limousine, je m’éloigne quelques minutes pendant que vous vous changez, ainsi seul le mirrroirr pourra en voir plus qu’il ne faudrrrait ».

Sur ces surprenantes paroles, le géant ouvrit la portière presque sans bruit. Une douce lumière éclaira l’intérieur du véhicule, faisant reculer la nuit. D’un geste un peu solennel, il invita Lucile à prendre place. Elle obéit machinalement, dépassée par l’étrangeté de ce rendez vous. La portière se referma silencieusement, éteignant à l’instant les bruissements de la nuit. L’intérieur de la limousine était immense, un vrai petit salon dont les banquettes en cuir crème se mariaient parfaitement avec de somptueuses boiseries sombres. Comme l’avait suggéré un peu mystérieusement l’étrange chauffeur, au dessus d’un petit bar, encastré dans de fluides et élégantes boiseries dont le délié coulé rappelait le style « nouille », un miroir ancien à l’épais cadre vénitien au doré patiné par les ans, présidait, comme un étrange et silencieux maître des lieux. Assymétrique, un peu plus haut que large, la glace, haute de 25cm, large de 15 environ, avait une forme de haricot légèrement étiré, dont le lobe principal pesait vers le bas. Le cadre, deux fois plus large que le miroir lui même se composait d’un savant entrelacement de feuilles d’accanthe sculptées avec soin. Qu’une antiquité aussi rare puisse sembler anachronique dans cette voiture moderne ne faisait qu’ajouter un sel baroque au luxe absolu de la cabine. Tout n’y était pas simplement hors de prix, mais dénotait d’un goût composé et précieux, d’une absolue connaissance des arts décoratifs les plus savants et des mariages de styles les plus hardis. Les cuirs clairs étaient des plus fins, les boiseries étaient en ébène vert, parcourues d’élégantes langues de métal damasquiné acier-argent. Sur une petite tablette en palissandre ajouré à la mode pakistanaise, une coupe de champagne rosé pétillait. Lucile vit tout de suite une robe noire qui était disposée sur la banquette arrière, à coté de jolis petits escarpins en velours. Sous la coupe de champagne, il y avait un petit mot…

« N’aie crainte mon amour, laisse toi simplement emporter par l’ambiance. Enlève tous tes vêtements et ne mets que la robe et les escarpins. Ce soir, tu as un grand rôle à jouer, mais il te faudra découvrir lequel. Pense que quelles que soient les formes que cela peut prendre tout le monde aspire à l’amour. A tout à l’heure. Phil »

Lucile, pensive et quelque peu déroutée, relut plusieurs fois le petit texte, puis enleva simplement ses vêtements, goûta le champagne et enfila la fine robe de soie noire! Elle semblait coupée pour elle, fortement échancrée sur les coté, asymétrique, très ajustée, elle était magnifique. Trois petites clés d’or tenaient lieu d’ornements, l’une à la naissance du cou, l’autre au bout de l’unique manche qui épousait le bras droit, la troisième à l’extrémité inférieure du drapé de la robe qui coulait en pointe jusqu’au niveau de sa cheville droite. Les escarpins étaient très fins, avec de très hauts talons. Ils sentaient le cuir neuf. Ils étaient superbement dessinés, de marque italienne. Lucile n’en revenait pas ! Cette voiture stupéfiante, ce chauffeur qui semblait né de la plume de Ian Flemming, cette robe de soie unique, ces chaussures de luxe. Comment Philippe avait il pu faire cette fois-çi ? Elle se souvint alors que depuis plusieurs semaines, il travaillait à la restauration du parc d’un château. Ce château est justement situé dans les environs de Buzet et appartient à un très vieil homme, un baron d’industrie allemand doté d’un titre nobiliaire improbable et d’une belle provision de milliards d’euros, de dollars et de livres. Oui ce ne pouvait être que ça…

La portière du conducteur s’ouvrit et se referma dans un bruit ouaté, l’étrange chauffeur s’était assis au volant. Il alluma les phares, enfonça une touche du tableau de bord et une glace de séparation monta en silence, isolant les places avant du petit salon. Doucement, sans heurts et presque sans un bruit, la puissante limousine sembla glisser dans la nuit.

– « Vous m’entendez Sergueï? »

– « Oui Madame »

La voix profonde du géant lui parvenait probablement par un système sophistiqué de hauts parleurs, semblant issue de partout et de nulle part à la fois.

– « Où allons-nous? »

– « Le champagne est-il à votrrre goût? »

– « Oui Sergueï »

– « Un Taittinger comte de Champagne rrosé 1996 »

Toujours cette voix très grave, une voix de basse, qui apportait une chaleur particulière à ses paroles. Sergueï parlait lentement, séparant chaque mot avec le soin étudié que mettent les étrangers qui s’appliquent à parler une autre langue que la leur. Son accent russe ajoutait du mystère à la situation, si toutefois celle-ci avait pu encore en manquer.

– « Il y a une autrrre coupe dans le petit bar réfrrigéré devant vous. C’est un Salon 1990, c’est exceptionnel. Je serrrais très heureux que vous le goûtiez. »

La voiture continuait à se couler dans la nuit, sans le moindre cahot. Les lourds peuplements de chêne de la forêt de Buzet, filaient de part et d’autre de la limousine, comme autant masses sombres, presque liquides.

– « Il est splendide! Il y a une troisième coupe Sergueï! Pour qui est-elle? »

– « Elle est pourrr vous madame. C’est un Krrrug 1947! »

– « Le champagne préféré de James Bond! Mazette! Encore Ian Flemming! … Oh, excusez moi Sergueï, je ne voulais pas… »

– « Il n’est pas nécéssairrre de vous excuser madame. Richard Kiel est un exemple pour les gens comme moi. »

Un long silence suivit, à peine troublé par le léger bourdonnement de la Maybach. Lucile était allongée, jambes croisées, comme une interprétation de l’Odalisque d’Ingres. La petite robe en soie, fendue sur le coté à la chinoise, dévoilait toute la longueur de ses cuisses, elle se sentait presque nue, mais n’éprouvait curieusement aucune crainte. Elle se regardait dans le magnifique miroir dont l’étrange présence luisait doucement dans la lumière très tamisée qui baignait la cabine. Les trois champagnes étaient sublimes, elle s’étonnait des tournures oxydées et des notes de cire d’abeille du vieux Krug! 1947! Cela faisait près de 65 ans, c’était incroyable. Elle tournait et retournait le petit carton que Philippe lui avait écrit. Un rôle à jouer ? Et il fallait le découvrir ? Mais comment ?

– « Vous voulez me saouler Sergueï? »

– « Non madame »

– « Cette robe semble coupée pour moi, elle est splendide »

– « Je ne sais pas Madame, vous me voyez mais moi je ne peux vous voirrr, la glace est sans teint elle aussi mais ne parrrlez plus, rrrêvez ce que cache la forrrêt, vivez le vin »

Etonnée par la poésie de ces paroles, étonnée par l’élégance hors des âges et des modes de cet homme par delà les norme Lucile se tut et continua à s’ébaudir lentement en comparant les trois coupes de champagne. Sure de ne pouvoir être vue, elle regardait ce faisant l’immense et un peu inquiétante silhouette de l’acromégale qui conduisait avec des gestes contenus et précis. La Maybach lui semblait tourner en rond, car la forêt de Buzet était grande mais il n’était pas envisageable d’y circuler plus de 20mn sans finir par en sortir.

– « Sergueï? »

– « Oui madame »

– « Où allons nous? Que devrais-je faire? »

–  » Je ne peux vous rrépondrrre madame »

Bien sur ! Phil l’avait bien dit ! Sergueï était le chauffeur et n’aurait pas d’autre fonction ce soir. Pourtant, pour qu’elle puisse découvrir de quoi il en retournait il lui fallait des indices.

– « Dites moi simplement qui je devrais remercier pour ce Krug 1947. »

– « Vous êtes l’invitée du grrrand duc Otto Ludwig von Saxe-Mainingen, il ne peut vous accueillirrr lui même et me charrrge de l’en excuser et de vous prrrésenter ses hommage. »

– « Un grand Duc! Rien que ça! »

– « Il m’a assurrré être votre serrrviteur »

– « Brahm Stocker… »

– « Parrrdon madame? »

– « Non, rien, Sergueï »

– « Sans vouloirrr vous commander, puis-je vous suggérrrer d’appuyer sur le deuxième bouton sous le miroir? » Lucile apperçut les trois boutons de nacre, presque invisibles sous le lourd cadre vénitien. Elle se pencha et vit se refléter son élégant décolleté qui découvrait presque entièrement ses seins. Elle enfonça le bouton du milieu.

Immédiatement, un rapide souffle humide retentit, dans un surprenant staccato qui faisait penser à un entrechoquement de bambous. Cela ne dura que quelques secondes, puis elle sursauta, emportée par de lourdes notes de guitare qui résonnaient étrangement dans ce décor plus propre à retentir des grésillements scandés d’un clavecin que des riffs des guitares électriques. Elle connaissait ce morceau, Phil l’avait écouté plusieurs fois cette semaine! « Rein Rauss », de Rammstein, des accords puissants, des paroles à l’outrance poussée jusqu’à en devenir amusantes! Elle se souvenait, il lui en avait traduit des passages :

Ich bin des Reiter
Du bist das ross
Ich steige auf
wir reiten los

Ich bin der Reiter
Du bist das Ross
Ich hab den Schlüssel
Du Hast das Schloss
Die Tür geht auf, ich trette ein
Das Leben kann so prachtvoll sein

Lucile rassemblait ses souvenirs, retrouvait ses bribes d’allemand. Oui, « Je suis le cavalier, tu es la monture… j’ai la clé, toi le château, la porte s’ouvre, j’entre… la vie peut être magnifique ». Quel rapport ? Un indice, forcément ! La clé, le château, la robe ! Elle regarda les trois petites clés qui ornaient le vêtement ! Ce n’étaient pas des ornements, non, mais bien de vraies clés.

Ce texte brutal l’intriguait également! Phil ne lui préparait assurément pas quelque chose de brutal, elle ne serait pas soumise à une situation vile! Ce devait exprimer autre chose! Mais oui, c’est elle qui avait les trois petites clés, ce serait elle le cavalier, elle devra dominer, mais qui ? Où ? Comment ?

Elle savait qu’elle touchait au but, mais qu’il lui manquait encore des éléments ! La phrase énigmatique de Sergueï lui revint alors. « Seul le mirroirr pourra voirr plus qu’il ne faudrrait ». Le miroir ?

Mais soudain, provenant de l’extérieur, une lueur croissante la tira de ses pensées. La Maybach venait de passer une grille monumentale et avançait dans la large allée qui conduisait vers une superbe demeure illuminée. Lucile avait entrevu un panneau à l’entrée : Château de Concques ! C’était bien ça, le parc, le château, le vieux milliardaire. Phil lui en avait beaucoup parlé. Le vieil homme semblait lui avoir fait une très forte impression. Un « Allemand velouté » disait Phil, avec un mélange d’humour et de tendresse ! Un homme fabuleusement riche dont les innombrables entreprises avaient reconstruit une bonne partie de la RFA après la guerre. Mais un homme extraordinairement cultivé également qui parlait plus de huit langues, amis des arts, mécène international, discret mais généreux et disait-on écrivain et peintre lui-même. Un homme de courage et de conviction, qui, fortement compromis dans le complot avorté du colonel Stauffenberg, n’avait dû son salut qu’au courage du capitaine d’un U-Boot qui lui avait permis de fuir Le Reich sous l’identité d’un simple matelot. Il avait été le reste de sa vie un infatigable voyageur mais depuis peu, pour la première fois, Von-Meiningen avait du s’incliner. Il ne pouvait plus lutter contre les effets de la vieillesse. Il approchait en effet les 90 ans et le Château de Concques devait être selon ses propres mots son avant dernier royaume. Lucile se souvint que Phil lui avait dit avoir passé beaucoup de temps à s’entretenir avec le vieil homme.

Maybach_logo           Le puissant véhicule s’arrêta au pied d’une volée de marches monumentales. Sergueï en descendit, ouvrit la portière et du même geste théâtral qu’il avait utilisé pour la faire rentrer dans la limousine, il invita Lucile à en sortir, lui désignant l’entrée du château. Le haut des marches était très illuminé, comme les vingt huit fenêtres de l’immense façade XVIIème qui se reflétait dans un vaste bassin qu’alimentait un robuste atlante de calcaire qui vidait y une lourde amphore.

De plus en plus intriguée, mais également piquée d’une excitante curiosité, Lucile, suivie du regard par le fantastique Sergueï, gravit les 13 degrés de marbre clair, passa entre deux puissants bustes léonins qui gardaient un pallier aussi vaste qu’une salle de bal. Une double porte vitrée s’ouvrait sur un grand vestibule somptueusement meublé dans le style directoire et qui donnait sur une double volée de marches montant à l’étage. Sans réfléchir, Lucile entra. Elle remarqua le fond musical ! Des sonates de Scarlatti probablement. Enfin, la musique était en harmonie avec le cadre général. Elle monta l’escalier de droite qui était éclairé, arriva sur un pallier décoré de lourdes tentures en tapisseries d’Aubusson représentant la geste de Parcifal. Au fond du pallier s’ouvrait une porte sombre qui semblait petite, presqu’écrasée en regard des proportions du bâtiment. Elle la franchit, suivit un couloir aux murs habillés de riches boiseries d’olivier. Le fond du couloir donnait sur trois portes sculptées chacune de cinq colonnes torsadées dans le style emmanuelin. Celle du milieu portait un petit pannonceau sur lequel quelques mots étaient marqués d’une curieuse écriture pointue, presque cunéiforme. Lucile se souvint, Phil lui avait montré cette ancienne écriture allemande apparue au début du XXème siècle, et abandonnée dans les années 1940, le Sütterlin! Elle s’efforça de déchiffrer « …M…a…r…i…Maria », un prénom sans nul doute. Sous le prénom, quelques mots semblaient composer une petite phrase « …L..i…Liebe…ist…f…ü…für…al…alle…da » Liebe ist für alle da! L’amour est là pour tout le monde, ou plutôt tout le monde a droit à l’amour, ou plutôt comme sur le petit mot que phil lui avait laissé dans la limousine: tout le monde aspire à l’amour. La porte était entrouverte. Lucile la poussa lentement. L’épais huis de chêne, aux gonds parfaitement huilés, s’ouvrit sans un bruit. Elle ne put s’empêcher de penser qu’un long grincement eut paru plus prévisible.

Lucile demeura alors figée par le spectacle qui s’offrait à elle ! La grande pièce de 8 mètres sur 8 environ était toute bleue. De légères tentures bleues pâles de soie de Chine en habillaient les murs et tombaient en élégants drapés. Une épaisse moquette de laine sauvage aux reflets bleutés recouvrait le sol. Le mobilier se limitait à deux éléments aussi remarquables l’un que l’autre. Au centre de la pièce était un lit monumental. Haut de près d’un mètre, il avait au moins trois mètres de coté; ses dimensions donnaient l’impression d’entrer dans la chambre d’un colosse. Le lit était recouvert d’un vaste et très épais couvre-lit turquoise, en soie matelassée. En face du lit, occupant tout le milieu du mur du fond, était fixé un très grand miroir vénitien, qui était manifestement la réplique exacte, à une échelle presque démesurée, de l’étrange miroir qui ornait la Maybach.

L’effet de cette chambre était saisissant. Les différentes nuances de bleu s’alliaient finement pour créer une ambiance reposante. L’immense miroir par contre pesait fortement sur le décors, comme s’il en émanait une secrète puissance. Puis Lucile la vit ! Une jeune femme était accroupie, le tronc allongé sur ses cuisses. Maria ? Bien sur. Elle occupait le milieu du lit. Son corps, qui semblait menu dans ce décor démesuré, se reflétait dans le miroir. Ainsi disposée, elle faisait immanquablement penser à une offrande destinée à quelque sacrifice païen. Lucile s’avança doucement, jusqu’au pied du lit. Elle se vit elle même dans le miroir! Elle était très belle, ses cheveux roux roulaient sur ses épaules en vagues épaisses. La magnifique robe de soie qui moulait parfaitement ses formes faisait ressortir la blancheur de sa peau et lui donnait des allures de princesse d’Extrème Orient. Elle vit alors que la jeune femme était ligotée. Une corde de chanvre lui liait les poignets derrière son dos, de part et d’autre de ses reins. Les liens formaient de véritables menottes végétales que deux autres jeux de cordes reliaient à son cou, comme à ses chevilles, également entravées. Trois petits cadenas d’or vérouillaient ses liens, l’un à la cheville, l’autre aux poignets et le troisième au niveau du cou.

Elle semblait offerte, le visage enfoui dans le plaid, la respiration paisible, confiante et abandonnée. Lucile s’assit au bord du lit, troublée, indécise. Elle regarda à la ronde, cherchant à comprendre, elle cherchait Phil, n’était il pas là derrière une tenture ? Il avait bien écrit « à tout à l’heure » sur le petit mot de la voiture. Il se passa quelques minutes interminables. Il faisait chaud dans la pièce bleue. La jeune femme respirait toujours paisiblement, comme endormie. Lucile se rendit alors compte que, depuis un long instant, elle fixait le miroir. Le miroir, il était au centre de tout, il la fascinait! Il était la clé de voute ! Mais oui, il était l’oeil de la chambre comme il avait été celui de la limousine! Il était l’oeil du maître des lieux, on la regardait, on les regardait!

Cette idée la surprit, mais tout s’expliquait! Liebe ist für alle da! « ..cette glace aussi est sans teint… », elle sera le cavalier. Le vieil homme très âgé mais très subtil, aux goûts artistiques sophistiqués. Les clés, les liens, les cadenas. La jeune femme lui était offerte, et toutes deux étaient offertes au regard du vieil homme invisible. Lucile hésita, quelle forme tout cela pouvait-il prendre ? Que devrait elle faire ? Mais Phil ne la forcerait pas à agir contre son envie, elle le savait. Il la confrontait toujours à ses limites, mais de manière à ce que tout se fasse de manière fluide, l’entrainant dans de nouveaux champs de rêve, et il lui avait décrit le vieil homme comme étant d’une très exquise distinction, d’une classe consommée ! Rien de déplaisant ne pouvait survenir. Lucile se décida soudain ! Elle ferait ce qu’on attendait d’elle, et elle verrait bien comment cela allait se poursuivre. Elle se releva lentement, regarda le miroir, d’un geste lent et élégant, elle détacha les trois petites clés, puis, sortant son bras de la manche, elle fit glisser la superbe robe de soie le long de son corps, se redressa  fièrement, nue, et, fixant toujours le miroir, elle monta sur le lit et s’approcha lentement de Maria. Celle ci était vraiment belle, fine, ses formes étaient parfaites. Son visage toujours enfoui dans les replis du plaid restait caché par ses longs cheveux bruns. Lentement Lucile avança sa main, effleura la nuque de la jeune femme qui frémit brièvement. Ses doigts descendirent lentement le long de son dos, suivant la corde, jusqu’au précis et régulier tressage qui lui liait les poignets. Elle sentait  au bout de ses doigts irradier la chaleur de ce corps inconnu, et cela était si troublant. Cette chaleur était comme une preuve: tout était réel. Après une très courte hésitation, sa main poursuivi sa course, toujours suivant la corde, elle atteignit la courbure des reins, suivi le galbe de la croupe, et effleurant lentement la cuisse, s’arrêta au bas du mollet où elle ouvrit un premier cadenas. Lucile défit alors avec douceur la corde, qui entravait les chevilles de Maria. Elle posa cette première corde sur le lit, soigneusement rassemblée en un écheveau régulier. Puis sa main remonta, depuis les chevilles de l’offrande, le long de ses jambes. Ses doigts passèrent timidement au creux des fesses que l’enlèvement de la corde avait dévoilé. Elle y trouva une humidité troublante

Lucile était à genoux derrière la jeune femme qui n’avait toujours pas bougé, elle posa ses deux mains sur les hanches de Maria. Elle pensait à l’image du cavalier. Ses mains remontèrent fermement de part et d’autre du dos de la jeune femme. Sa peau était légèrement dorée, elle sentait bon, comme des amandes chaudes. Elle était vraiment parfaite. Les mains de Lucile remontaient toujours le long de ses flancs, et saisirent fermement les épaules qu’elles pétrirent longuement. Elle appuyait ce faisant son pubis contre la croupe offerte. Le souffle de la jeune femme se fit plus court, plus fort, et lucile sentait elle même une vague de désir se diffuser au centre de son corps. Elle fit tomber le deuxième cadenas et dénoua lentement la corde qui liait le cou aux poignets, puis posa un second écheveau sur le lit. Elle se regardait faire dans le miroir, la scène était saisissante de beauté, elle se surprenait tant le soin qu’elle apportait à chacun de ses gestes laissait penser à une maîtrise éprouvée. Jamais elle ne se serait imaginée ainsi, en hétaïre experte et sensuelle. Cette nouvelle image d’elle même l’emplissait de fierté. Elle se regardait dans le miroir, et son trouble était enrichi d’une curiosité étrange, mâtinée de tendresse, quand elle songeait au vieil homme qui devait les regarder avec émerveillement, trouble, mais aussi avec tant de regrets, de tristesse et d’envie ? Et Phil ? Où était-il, également derrière le miroir ? Avec le vieil homme ? Non elle ne le croyait pas, la perfection avec laquelle la soirée avait été conçue ne laissait guère de place à des complicités lubriques de corps de garde. Jamais Phil n’aurait adhéré à une création discutable du thème de Suzanne et les vieillards ! Ni la brutalité des voyeurs de Rembrant, pas plus que la lubricité dissimulée et espiègle des gérontes du Tintoret, ni même l’intérêt scientifique des vieux galants de Véronese, aucune de ces collusions ne pouvait avoir sa place ici. Le vieil homme ne pouvait que vivre une quintessence sublime de sa solitude. Elle regarda autour d’elle mais Phil restait toujours invisible.

Maria bougea alors. Elle se redressa, restant à genoux, les mains toujours liées, découvrant une poitrine ferme et élégante. Elle portait un bandeau noir sur les yeux mais son visage semblait très fin, ses lèvres étaient rouge pomme, charnues et magnifiquement dessinées. Lucile était toujours dernière elle, à genoux elle aussi. Remontant les mains, elle lui effleura les côtes, et fixant toujours le grand miroir, lui saisit fermement les seins qu’elle trouva fermes, tendres et tièdes. Puis les lâchant tout aussi brusquement, Lucile ouvrit le dernier cadenas et libéra les poignets de l’offrande.

Au même instant un puissant bourdonnement emplit tout l’espace de la pièce bleue! De l’orgue, le fabuleux grondement d’ouverture de l’oeuvre la plus célèbre de Johan Sébastien Bach. Instinctivement, Lucile se posa la question tout à fait incongrue en la situation de la paternité de cette oeuvre! Etait-elle bien de Bach ?

Maria reprenant alors le contrôle de son corps, sembla se libérer comme un animal que l’on rendrait à la vie sauvage. Elle se retourna, tendit ses mains, tâtonnante, enleva son bandeau, puis saisit lucile par les épaules, l’allongeant les pieds vers le miroir. Lucile surprise, se laissa faire! Les gestes étaient fermes, autoritaires mais sans violence, sans brutalité, sans précipitation.

Maria, à genoux au dessus d’elle, la tenait par les poignets, les bras au dessus de sa tête. Ses yeux qui trahissaient une étrange gourmandise s’embuèrent d’une infinie tendresse. Elle tourna la tête vers le miroir, qu’elle fixa quelques secondes, maintenant la pose. Puis Maria effleura de ses lèvres le visage de Lucile qui sentit la chaleur de son souffle, et fondant comme un vampire, elle lui mordit tendrement le cou, aspirant la peau délicate à pleine bouche. Lucile se tendit, à la fois dépassée mais rassurée de ne plus devoir mener le jeu. Fermant les yeux, elle s’abandonna au trouble qui l’envahissait. La bouche de Maria semblait de braise, elle coula sur son sein, qu’elle abandonna vite pour, en quelques glissements saccadés, passer à son nombril, puis à son pubis. La jeune femme lui écarta doucement les jambes. Elle passa les bras sous les genoux de Lucile, et posa fermement sa bouche sur la source de son corps. Lucile se raidit, la chaleur confinait à la brûlure, elle se sentit ruisselante. La langue de Maria l’affolait, l’explorait, la dévorait. Tout son corps se souleva, se tendant comme un arc soutenu par les prodigieuses harmonies de Bach que rejoignait l’immense plaisir qui la surprenait. Elle avait fermé les yeux, elle sentit des lèvres se poser sur les siennes. Phil! Elle ouvrit les yeux, c’était bien lui. Il l’embrassait éperdument et le contact de ces lèvres tant aimées acheva de la transporter. Un plaisir inoui irradia dans son ventre, emportant presque tout son corps, son souffle se fit éperdu, ses chairs se tendaient dans la bouche de Maria et elle ne devait qu’au profond baiser de Phil de ne pas hurler.

Maria abandonna alors brusquement son sexe, Lucile eut l’impression de sombrer dans un gouffre sans fond ni parois, tandis qu’elle eut l’impression diffuse que Phil lui fut comme arraché. Entrouvrant les yeux elle vit la jeune femme qui embrassait Phil, le poussant de tout son corps, le jetant sur le dos. De quelques gestes précis Maria qui semblait déchainée attacha ses bras en croix à deux coins du lit, lui lia les jambes ensembles et les attacha à un anneau invisible au pied du plaid. Phil semblait ainsi crucifié. Puis Maria, d’une saccade se mit à califourchon au dessus de lui et s’empala sur son sexe dressé. Lucile voyait cela comme dans un rêve, la scène était superbe, elle resta en retrait quelques secondes, comme noyée de ce spectacle inattendu. Maria, secouée de soubresauts sauvages ressemblait à une furie de la mythologie grecque, Phil les yeux fermés, pressait son bassin à ses mouvements rapides. Il émanait d’eux une puissance érotique stupéfiante qui poussa Lucile à ne plus être qu’une simple spectatrice. Elle savait ce qu’il aimait le plus au monde. Elle se redressa, et posa son sexe sur la bouche de Phil qui s’en empara avec l’avidité qu’elle connaissait bien et qu’elle adorait tant. Ce faisant, elle faisait face à Maria. Les deux jeunes femmes, poursuivies par le plaisir avaient leurs lèvres qui se frôlaient.

Lucile passa son bras sur l’épaule de Maria pour se soutenir. Toutes deux semblaient comme possédées. La toccata avait laissé la place au quatrième mouvement de la Symphonie Fantastique dont les rythmes surprenants soulignaient les poussées de plaisir qui débordaient les trois amants. Maria passa les bras autour du cou de Lucile et l’embrassa à pleine bouche. Lucile sentait également la langue de Phil s’insinuer au plus profond d’elle même, tandis que Maria lui pinçait les seins. Elle partit d’un nouvel orgasme aussi soudain que puissant. Maria poussa un long souffle rauque et se laissa choir dans une explosion de sensations tandis que Phil se tendait à son tour. Tous trois se rejoignirent dans le partage croisé de leurs plaisirs.

Le silence était revenu et il se passa un long moment sans que personne ne bougea. Phil avait pris Lucile dans ses bras, elle semblait sommeiller. Maria était allongée dans son dos. Elle comme eux semblaient soumis à la même torpeur.

Au bout d’un temps indéterminé, une fine et cristalinne mélodie s’éleva, montant en puissance doucement. Phil reconnut les premières mesures du Morgenstimme, du Peer Gynt de Grieg. L’hymne le plus consacré à la renaissance, au renouveau. Ouvrant les yeux, il regarda autour de lui. Maria avait disparu, Lucile allongée sur le flanc, en équilibre sur un coude, le regardait en souriant. Les cors répondaient toujours à la flute, ils s’embrassèrent puis sans un mot se levèrent, descendirent de l’énorme lit. Phil conduisit Lucile dans une luxueuse salle de bain, où ils purent se doucher longuement.

Les bassons de la suite de Peer Gynt semblait les inciter à se dandiner, à rythmer leurs gestes, les violons dans leur course progressive les poussèrent à se hâter sans raison et cela les fit rire. Une fois habillés, Phil lui prit la main et la guida par quelques couloirs, jusqu’à une monumentale salle à manger meublée dans un style purement médiéval. Les murs étaient tendus de tapisseries saisissantes qui étaient de parfaites copies de la série de la dame à la Licorne du Musée de Cluny. Leur façon était si parfaite qu’il eut fallu être un spécialiste pour savoir qui, du musée national ou du Grand Duc de Meiningen aurait été le réel possesseur des originaux de cette oeuvre unique. Quatre panoplies d’armes anciennes, composées de faisceaux d’épées, bardiches, arbalètes à leviers, claymores imposantes, épieux acérés, fauchards et autres vouges étaient disposées au coins de la salle, dont le centre était occupé par une énorme table en chêne de 8 mètres de long sur près de deux mètres de large. Le grand duc était assis dans son fauteuil roulant à un bout de la table, Maria était assise à ses cotés. Von Meiningen était vêtu d’une longue tunique pourpre qui faisait ressortir ses cheveux blancs comme la neige. Malgré son âge et son infirmité, il était visible qu’il avait été de haute taille et de son visage encore très beau émanait une infinie compréhension des choses de la vie. Il sourit et sa voix encore grave bien que visiblement détimbrée par la sénescence rompit le silence:

– « Soyez les bienvenus, mes jeunes et chers amis, à ma table »

Si son français était en tout point parfait, sa diction restait marquée par un accent allemand qui n’était pas dénué d’une esthétique solennelle.

– « Ne vous formalisez pas, je vous en prie et servez vous autant que le coeur vous en dit »

– « En premier lieu, je vous prierai, ma très belle Lucile, de ne pas trop mal juger les apparentes turpitudes d’un homme qui n’est trahi que par la vieillesse de son corps, mais dont l’âme est restée aussi ardente qu’elle pouvait l’être voilà 70ans. »

Lucile balbutia quelques mots lénifiants, mais aucune réponse n’eût pu être à la mesure du sens profond de l’aveu du vieillard. Maria posa sa main sur celle du Duc, en le regardant avec une sourde intensité. Mainingen continua avec un sourire facétieux :

– « Si j’avais encore mes 20 ans, voire ma quarantaine, votre ami aurait en effet fort à faire pour vous garder à ses cotés ! »

Son noble visage redevint de marbre :

– « Mais maintenant, moi, qui n’ai jamais accordé de procuration sur le plus insignifiant de mes comptes en banque, comme vous l’aurez compris, je vis de cette manière ce qui m’est le plus cher, à savoir l’amour ! Comme le disait Choderlos : Ainsi va le monde, et -pour cette fois en tout cas – ce n’est -vraiment pas – ma faute ! »

Lucile ouvrit la bouche, mais ne dit rien. Mainingen savait ce qu’il vivait, et il le vivait avec la noblesse qui avait toujours été la sienne, nul n’était besoin de le consoler ou de lui débiter des fadaises ! Elle prit la coupe de champagne qui pétillait devant elle, la huma, reconnut le Krug 1947. Elle la tendit au vieil homme qui trinqua, et dit simplement :

– « Merci Monsieur meiningen pour l’exemple que vous montrez! »

Le vieux duc sourit, d’un sourire enfantin et s’écria simplement :

– « Maintenant mes jeunes amis, mangeons et buvons! Il y a sur cette table ce qu’il y a de mieux, car quand bien même j’ai toujours rempli ma vie au mieux de ce qui était possible, je n’ai plus une seconde à perdre, tout comme vous dans l’absolu »

La soirée se passa dans une légèreté à la fois simple et précieuse. Phil aiguilla à l’une ou l’autre reprise le vieil homme sur ses souvenirs d’enfance, sur son père le Junker, sur Stauffenberg, son ami, sur ses voyages, mais Mainingen répugnait à parler trop longtemps de lui, et multipliait les questions sur la vie de ses hôtes, s’émerveillant des moindres détails, comme si c’eurent été autant d’enseignements qui lui auraient fait défaut pour affronter l’avenir !

Très tard, le Grand Duc fit appeler Sergueï qui reconduisit Lucile et Phil. Dans la Maybach, Lucile retrouva ses vêtements soigneusement pliés, parmi lesquels un petit coffret avait été glissé. L’ouvrant, elle y découvrit une magnifique émeraude trapiche de la taille d’une noix. Plus tard l’expertise prêtera à cette gemme unique plus de 340 carats. En son centre un hexagone sombre, absolument parfait semblait vibrer, distribuant ses rayons profonds à travers la gemme. Un petit carton l’accompagnait, recouvert d’une écriture un peu tremblante mais rapide et au délié harmonieux :

« Très belle Lucile, très cher Philippe, Nous n’aurons plus le temps de nous revoir mais, je vous en prie, ne me faites pas l’insulte de vous offusquer de ce présent. Pour moi sa seule valeur réside en son unicité, qui est l’illustration exacte du moment que vous m’avez offert.

Amicalement OL »

Si vous avez eu la chance de lire le premier de ses récits « Il pleut ce 23 Novembre », vous aurez reconnu la plume si singulière de Philippe K qui nous propose là un texte de grande qualité. 

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