Un long râle dont l’écho résonna à l’infini dans toute la pièce, s’échappa de sa gorge.
La tête renversée en arrière, les lèvres entrouvertes, les mains enserrant fortement les coins du drap, les jambes repliées, elle ne put contenir plus longtemps le flux de sensations qui déferlaient en elle. Frissonnante, le corps tendu de désir, elle se contractait sous le plaisir des caresses prodiguées. Haletante, le cœur battant à tout rompre, elle tentait de recouvrer ses esprits, vainement.
Elle eut juste le temps d’entendre ce murmure à son oreille qui lui disait: « Que tu es belle », avant d’être submergée par un autre orgasme qui la fit défaillir et lui fit atteindre des sommets encore méconnus.
A demi consciente, elle s’entendit prononcer ces mots :
-Non, s’il te plaît, arrête, pas encore. Encore…
Et entendit cette voix qui lui répondit :
– Pourquoi ? Pourquoi pas ? Laisse toi aller…
– Non, je ne peux pas, … c’est trop fort, je… n’arrive pas à contrôler bredouilla-t-elle
– Ne contrôle rien, laisse toi dévaster par le plaisir, tu es si belle lorsque tu jouis lui murmura encore la voix. Regarde-toi, regarde comme tu es belle. Que tu es belle ! Regarde…
Elle put difficilement entrouvrir les yeux pour s’apercevoir dans l’immense glace encrée au plafond. Son reflet dans le miroir ne la choqua nullement. Elle s’y voyait allongée sur ce grand lit de style et aux draps de soie rouge, les jambes entrouvertes, offerte, rougeoyante de plaisir, les seins et le ventre enflés, les tétons érigés, ses lèvres charnues boursoufflées, gorgées de sang, les cheveux en bataille. Une lueur sauvage et fascinante se reflétait dans ses yeux clairs. La femme qu’elle y voyait était tellement différente de sa personne, si indécente. Elle ne détourna pas son regard de son reflet dans la glace.
Elle s’y vit glisser ses doigts dans la chevelure de l’autre pour ramener plus encore sa tête vers son entrejambe. Elle s’y vit écarter les cuisses plus encore pour en faciliter l’accès, se contracter quand l’autre la pénétra de sa langue, se cambrer quand l’autre lui lécha le clitoris, goba le nectar dont elle dégoulinait. Et alors que sa vision se brouillait elle s’entendit haleter, puis crier : Oh! Oui! Avant d’être violemment envahie par une vague de plaisir, une de plus, d’une intensité rare qui la fit se tordre dans tous les sens, et lui arracha des gémissements entremêlés de plaisir et de complaintes inintelligibles.
Dans un éclair de lucidité, elle se demanda à combien d’orgasmes elle en était depuis le début de la soirée et de leurs ébats. Elle s’était arrêtée de compter à quatre… ou cinq. Et tout compte fait elle se fichait fichtrement du nombre. Qualité ou quantité ? Toujours est-il que ce soir les deux ingrédients étaient réunis. Ça allait en s’intensifiant.
Elle n’aurait jamais cru pouvoir avoir des orgasmes multiples et n’aurait jamais soupçonné être dotée d’une telle libido ! Elle aimait ça ! Dieu qu’elle aimait cela ! Et elle en redemandait.
Des quelques amants qu’elle avait eu, jamais aucun homme ne lui avait procuré autant de sensations et de plaisirs.
Depuis leur rencontre, elle se sentait différente. D’abord, quelque chose d’indéfinissable s’était déclenchée en elle. Puis, elle avait eu ce sentiment bizarre de braver les interdits, qui avait fini par se transformer en une excitation grandissante. Leur relation était si récente : à peine trois semaines, mais neuf déjeuners et d’innombrables échanges téléphoniques.
C’était leur premier dîner ce soir ensemble, à domicile.
On lui avait fait le coup classique : Délicieux repas fait maison arrosé d’un moelleux enivrant. Musique sensuelle et langoureuse. Il y avait eu des rires, des silences un tout petit peu gênés mais pas pesants, vite effacés par des regards, un bisou, des caresses, un baiser, une main, un doigt…
Elle était bien loin la fille plutôt timide et réservée, limite coincée. Elle avait laissé place à cette femme sensuelle, sauvage, brûlante, impudique, qui découvrait une autre forme de plaisir, plus intense. Plutôt vaginale ou clitoridienne? Tenta- t-elle de s’interroger entre deux spasmes. L’index et le majeur dans sa chatte, la langue titillant son clitoris ? Elle fut incapable d’y répondre. Elle avait pensé chatte, se surprit-elle aussi. Dieu quand est-ce que cela s’arrêterait-il ? Mais voulait-elle que cela s’arrête ?
– Tu contractes, détends-toi, arrêtes de penser, profites-en, lui recommanda la voix, veillant à son plaisir. C’est bon, tu aimes ? J’aime quand tu aimes, j’aime que tu aimes. Aime.
Se savoir belle et désirable était un sentiment qu’elle appréciait. Elle était flattée de toutes ces attentions et aurait pu profiter égoïstement de son plaisir à l’infini. Mais elle voulait partager.
-Laisse-moi te caresser aussi, proposa-t-elle dans un souffle.
L’autre ne répondit pas mais remonta progressivement depuis son bas-ventre jusqu’au creux de ses reins, glissa sa langue dans son nombril, mordilla et suça un téton, puis le deuxième et atteignit enfin le visage d’Aurélie. Leurs regards se croisèrent, leurs lèvres se trouvèrent, leurs langues se lièrent dans un baiser passionnel. En proie à un tourbillon d’émotions, Aurélie ne savait plus où donner de la tête. Les doigts jouant avec son clitoris la rendaient folle. Elle n’avait qu’une envie : hurler.
Elle n’était plus que soupirs et vibrations alors que la cadence s’accéléra. Ne sachant plus à quoi s’accrocher, elle ferma les yeux. Elle hoqueta et crut que son cœur s’était arrêté de battre dans sa poitrine. Sa tête explosa littéralement, tant elle jouit violemment, et elle manqua taper contre le rebord du lit et se faire mal. Elle faillit se casser un ongle, tant elle serra les poings.
C’étaient bien des larmes qui coulaient le long de ses joues. Des larmes de plaisir. Et à cet instant précis elle se sentit inexplicablement libérée, comblée, apaisée. Elle sentit ses jambes s’engourdir et ses paupières s’alourdir. Sa respiration retrouva au fur et à mesure un rythme normal. Détendue à l’extrême, Aurélie ne put résister plus longtemps à Morphée qui lui tendait ses bras et n’entendit pas Madeleine qui lui susurra émue :
-Ton plaisir est mon plaisir…
Son joli minois et sa position fœtale donnaient à Aurélie un air juvénile et insouciant. De l’index, Madeleine dessina les contours de ses lèvres et s’amusa de la voir dormir déjà à poings fermés, complètement assommée. Attendrie, elle la gratifia d’un baiser sur la joue, joua avec une mèche de ses cheveux indisciplinés. Elle se colla à Aurélie, cherchant sa chaleur et passa ses jambes par-dessus les siennes. Elle remonta les draps, et s’endormit sur un nuage…
– FIN –
Les lecteurs assidus se souviendront certainement du récit « Imagination fertile » dont nous avait gratifiée la très sympathique auteur Venusmout. Vous pouvez la remercier à nouveau pour ce petit chef d’oeuvre de sensualité qu’elle nous offre aujourd’hui. N’hésitez pas à lui laissez vos impressions ci-dessous…
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