in ,

Monsieur a une fine et sensuelle lame.

C’est comme ça avec cet Alexandre, ce « Monsieur Dorval Monrancourt », faut qu’ tu t’y habitues ma petite.

Aucune nouvelle de Maître Alexandre durant toute cette longue semaine. Je me suis affairée à mon job et aux tâches de la maisonnée quasiment en état d ’hyperactivé, et je n’ai besoin d‘aucun carburant -toujours pas le moindre appétit-, je ne sais de quoi je me nourris et qu’est-ce qui me donne la pêche à ce point-là.

Monsieur veut faire de moi ce qu’il veut, quand il veut, où il veut. Sinon…tout est fini.

 Réfléchir sereinement. J’ai cru un moment l’avoir fait, mais je n’en suis plus si sûre à présent. A dire vrai, une seule raison, un seul désir me commande : revoir Alexandre, à tout prix le revoir. Alors le reste…

Je suis envoûtée. J’avoue, chaque soir dans mon lit, je m’abandonne à de sensuelles caresses. Des caresses comme je ne l’ai jamais fait et surtout, en pensant à quelqu’un de bien réel. Je revois sa silhouette, ses postures. Quelques détails de son visage. Son sourire, ses yeux « ambres ». En éclairs des images viennent frapper mes souvenirs, puis tout s’en va. Je le perds, et le retrouve. Mes pensées me torturent. Je le veux, je le veux tout près de moi. Je frôle ma joue, souligne du bout des doigts mes lèvres. Ma main descend le long de ma gorge, caresse mes seins. Bien vite, fébrile, mon autre main se faufile sous ma nuisette. J’effleure mon entre jambe et c’est irrésistible, mon clitoris est un gros bourgeon gonflé. Peu d’attentions suffisent, à peine touché, j’ai un orgasme fulgurant. Je tombe dans le vertige le coeur dans la gorge. Tout est rapide, je me sens apaisée, juste le temps de reprendre mon souffle…puis malheureusement, le manque est encore plus grand, et devient un vide insupportable. Le demi-comprimé de somnifère n’a plus d’effet, je dois en avaler un entier. Un entier, puis un et demi, puis deux peut être !

Je suis sortie de mon job pour rentrer chez moi vers 17 heures. Depuis, je suis restée assise dans mon canapé. Aucune envie de faire quoique ce soit d’autre que d’attendre. Attendre l’invitation de Monsieur Alexandre. Son message est arrivé une bonne heure plus tard…!                                                                                            – Bonsoir Klara. 22 heures. 15A67. –

Je suis chez Monsieur à l’heure exacte. J’avance devant la console pour -je me courbe un peu-, dans un coin du grand miroir, réajuster mon col de chemisier, ma tête sous le volumineux bouquet débordant de son élégant vase  balustre en cristal. Un bouquet de ces roses aux pétales de velours pourpre si parfumé.

-Viens Klara. Je suis dans le bureau.

Je me fie à mon oreille et traverse le salon où joue toujours une musique en sourdine puis le couloir, passe devant la chambre pour arriver à une large porte dont un des deux battants est entrebâillé. J’y passe le bout du nez. Alexandre est assis à son bureau Henri II, un ancien meuble en bois foncé lourd et imposant. Seule une lampe banquier éclaire son visage. Il lit un journal, les sourcils froncés, un coin des lèvres pincé : il est soucieux. Muette, j’attends au pas de la porte, et découvre cette nouvelle pièce. Une grande bibliothèque couvre tout un pan de mur de l’autre côté, le frère jumeau du fauteuil club du hall est lui aussi casé dans un coin. Alexandre lève les yeux sur moi, juste une seconde, et replonge dans sa lecture. Il ne semble pas pouvoir se détacher de la page de son journal. Je me glisse doucement dans l’ouverture de la porte, sans trop dépasser le seuil et attends patiemment -cinq bonnes minutes- puis il tapote un de ses genoux en faisant pivoter son fauteuil pour m’accueillir.

Il veut que j’aille m’asseoir sur ses genoux!

Je m’approche à petits pas -c’est une aventure-, et m’assieds bien timidement sur ses genoux. Il passe un bras autour de ma taille, sans quitter sa page des yeux. Notre reflet dans les vitres de la bibliothèque me fait contempler une petite fille sur les genoux de son papa. Je rougis, retiens un sourire. Monsieur Alexandre s’adosse lourdement au dossier de son fauteuil, annonce dans un bâillement délicatement étouffé:

-Ce sera fini pour ce soir.

Il jette le journal au sol – ce qu’il vient de lire ne lui plaît visiblement pas-, et referme le dossier cartonné devant lui contenant un bon tas de feuillets. Il se penche vers moi, accède ainsi à mon regard, puis dans un large sourire découvre sa belle dentition bien blanche.

-Aucune hésitation…pas une seule question. Est-ce bien raisonnable?

Mes petites mains rassemblées sur mes genoux se figent. Bien raisonnable ? Il me soulève en hissant ses pieds sur leur pointe puis secoue doucement les jambes.

Réponds Klara!

-Oui.

C’est ferme et claire, pas le moindre flottement. Ouf, lui laisse pas deviner que tu sais pas vraiment où il veut en venir avec tout ça.

Il me fait glisser sur ses jambes, me serre contre la boucle de sa ceinture. Sous mes fesses, son sexe est raide. Il entame de légers mouvements de reins. Ma gorge se resserre, j’avale ma salive et le bruit de ma déglutition semble résonner dans toute la pièce. Je suis prête à bondir de ses genoux, mais il applique deux longs baisers sous mon oreille. Ses lèvres cheminent ensuite jusque dans le bas de mon cou tandis que sa main dégage une légère mèche de cheveux de mon oreille, et il me susurre:

-Tu as eu envie de moi durant cette longue semaine, tu t’es caressée en pensant à moi – Il a deviné, il m’imagine en ce moment même en train de…C’est dingue!- Alors petite Klara, pas tant de pudeur, j’ai raison?

Je cuis de honte, mes joues sont en feux.

-Ou-oui, j’ai pensé à vous.

Il rit doucement.

-Menteuse…pas seulement.

Les mains sur ma taille il me soulève en se levant, prend ma main et m’emmène. La chambre à coucher est plongée dans la chaude lumière des chandelles sur le candélabre. Alexandre s’installe comme un  rajah, un flan calé confortablement dans de gros coussins aux pieds de la cheminée où sont posés sur un plateau, un grand plat creux débordant de belles grappes de gros raisins rouges, deux coupes et une bouteille de Champagne. D’un regard il m’invite à m’asseoir. Je m’installe maladroitement, rebondis un peu sur mes genoux. Il sourit, évidemment, puis débouche la bouteille, sert nos coupes. Agenouillée, il m’offre une coupe et lève haut la sienne. Ses yeux de fauves brillent dans les lueurs dansantes. Nous buvons, je suis certaine, au petit moment préparé avec soin. La musique en sourdine joue toujours dans le salon et poursuit son énième concerto*. (J.S Bach Toccata en G major, BWV 916 – III.) Il repose son verre, casse une branche d’une des généreuses grappes de raisin. Il saisit un grain entre ses dents, le gobe, et je peux entendre la peau du fruit craquer dans sa bouche.

-Sers-toi, goûte-le. Ce raisin rosé est délicieux, Chasselas. M’informe-t-il.

Il doit être délicieux, c’est certain, et j’en ai très envie. Je prends un morceau d’une grappe.

Bon sang, casse! Saleté!

La rebelle ne cède pas, j’ai beau y mettre les doigts des deux mains, la branche me résiste.

Qu’est-ce que j’ai l’air tarte.

Me voyant bien embarrassée, Alexandre intervient, et en effleurant mes mains, il brise d’un coup sec cette  maudite  branche. Il me la tend et me contemple. Je cueille un gros grain rond rubis, que je glisse entre mes canines. Je perce la peau tendue, gorgés d’une pulpe savoureuse qui inonde ma bouche. Il me sourit, ravi.

Mon dieu, qu’est-ce que j’aime lui plaire.

Lui, cueille tous les grains, les avale et bientôt jette sur le plateau le squelette de la grappe. Il sort de la poche de son pantalon un mouchoir blanc, essuie un à un chacun de ses doigts, et boit une gorgée de sa coupe.

-Tu vas jouer à des jeux bien dangereux ma petite Klara.

Des jeux dangereux?!

Je bois, m’étouffe de peu avec ma gorgée de champagne.

-Aime-tu avoir peur? -Il tamponne soigneusement les coins de sa bouche et range son mouchoir-, réponds moi, ne cherche pas à me répondre ce que j’espère entendre.

-Non. Ben non, je n’aime pas ça…Enfin…ça dépend.

-En fait tu ne sais pas.

Un sourire énigmatique hausse ses lèvres. Il arrache une poignée de grains de raisins qu’il enfourne d’un seul coup. Subitement, il se lève, enjambe les coussins, se penche vers moi. Ses cheveux tombent sur ses joues, ses yeux brillent d’une lueur intense. Il me tend sa main grande ouverte.

-Nous allons le découvrir ensembles.

Il voit la peur couvrir mon visage, il ne s’en soucie guère, à raison, car pourtant, je lui donne ma main. Il me relève, me fait asseoir sur le bord du grand lit. Il prend, posé sur la table de chevet, un soyeux foulard rouge  cardinal , d’une secousse gracieuse de la main le fait se déplier devant moi, il vole et dans le souffle répand le filet d’un si doux parfum -le sien, je le connais- mais je suis morte de peur.

-Fais-moi confiance Klara, ce sera délicieux.

Il saute sur le lit leste comme un primate, se glisse derrière moi, pose le foulard devant mes yeux et d’un coup sec serre un noeud derrière ma tête. Mon cœur tambourine, c’est celui d’un moineau sous les griffes d’un chat. J’essaie de contrôler ma respiration de plus en plus rapide. Il descend du lit, se tient devant moi, et commence à déboutonner mon chemisier. Ses mains m’effleurent la poitrine. Je frémis. Il fait tomber mon chemisier de mes épaules, dégrafe mon soutien-gorge qui glisse sur mes bras, sa respiration est chaude sur ma poitrine. Il me fait lever en prenant du bout des doigts mes mains sagement posées sur mes genoux. Il fait descendre la fermeture Éclair de ma jupe le long de ma hanche. Le tout tombe à mes pieds. J’entends un tiroir s’ouvrir, je sais qu’il prend un objet dans la table de chevet. Il revient, approche tout-prés. Je tressaille. Qu’est-ce-que c’est ! Mes poings se ferment, mes mâchoires se serrent. Mon dieu c’est glacial…une lame….un couteau ! Il promène la lame sur ma hanche, la fait glisser sous mon string. Un geste sec, et la dentelle élastique est tranchée nette. Je tressaute, tremble. Il a beau doucement caresser ma joue du dos de sa main libre, mon corps tout entier se couvre de frissons. Je le sens tirer sur la dentelle élastique de l’autre côté et la tranche d’un coup aussi franc. Il me pousse brusquement et je tombe sur le lit. Affolée je me jette en arrière en tête du lit, je me cale contre le mur et me blottis entre les oreillers. Alexandre bondit à ma poursuite. Je le devine à quatre pattes devant moi, son visage est tout près du mien, le souffle profond. Il m’affirme, la voix gutturale :

-Te taillader le corps, rien n’est plus facile. D’ici, crois-moi, personne ne t’entendra gémir, même hurler.

Je sens la lame parcourir ma poitrine. J’imagine très bien un sourire de dingue exalté animer son visage. Mon dieu qu’est-c’ que je fais ici, mon dieu aidez-moi…Il m’ordonne de m’allonger, j’exécute tout de suite, puis il appuie la lame sur ma gorge.

-Ne bouges pas -il se glisse entre mes jambes- Cette petite dague est très ancienne mais sa lame est encore très tranchante.

Il caresse mon sexe de sa main libre, écarte délicatement les petites lèvres de ma vulve. Son souffle coure sur mon ventre, sa langue bientôt fouille ma vulve et vient peu à peu titiller mon clitoris. Mon dieu qu’il enlève cette  putain de lame de ma gorge ! Je veux me délecter de cette volupté, mais il appuie un peu plus sur la lame. Je sens, entends sa respiration devenir rauque et rapide. Je ne sais plus à qui j’ai à faire. J’vais me faire violer, égorger ! Mon âme hurle, mais silencieusement, je me liquéfie en sanglots. Une douleur cuisante souligne ma gorge. Je me paralyse et le foulard se resserre -C’est un linceul sur mon visage- J’essaie de trouver un peu d’air, ma respiration est fébrile, souffreteuse. Le bourreau pose ses lèvres sur mon bas ventre, le couvre de baisers, puis vient se hisser vers moi. Il m’embrasse tendrement, longuement, avec la douceur qu’il sait si bien donner quand il le décide, succède une fougue – dieu merci – contrôlées. Un trouble me submerge. C’est indécent, tout mon être vibre. C’est étrangement délicieux. Il retire la dague, soigneusement lèche ma gorge. La coupure est longue et fine. Elle me brûle sous sa langue.

-Je ne me trompe pas Klara, tu aimes ça -son souffle chaud sur ma poitrine, il plaque la lame sur ma joue-, je me trompe ? Murmure-t-il.

-Euh…non.

-Non ?! -Agacé il pointe le bout de la lame sous mon œil-, serait-ce élégant une large et profonde balafre sur ce joli minois?

Ma voix chevrote :

-J’aime ça, vous-vous trompez pas Monsieur…

La lame quitte mon œil. La dague tombe sur le parquet, j’entends le sourd claquement métallique. Il retire le foulard, le roule dans sa main et s’applique à tamponner le contour de mes yeux, de mon nez, de mon front moite. C’est fini…? C’était un jeu…c’est fini, c’est fini ! Il se débarrasse du foulard, se redresse de sur son coude et plonge réinvestir ma vulve, faire rouler mon clitoris sous sa langue comme mes tétons sous ses doigts. Des frémissements courent de ma nuque à mes seins, d‘autres naissent de mon bas ventre puis du fond de mon vagin qui se contracte. J’vais jouir, déjà ? Je m’agrippe à ses épaules, relève le buste, trouve son regard pour le supplier, timidement l’attire vers moi. Venez, prenez-moi ! D‘un petit sourire il me nargue.

-Que veux-tu ma petite Klara ? -Il attend, et me montre une pointe d’impatience-, dis-le moi ?

 Je ne peux pas. Mes mains le lâche et je me laisse retomber.

-Bien…

Il m’enjambe. Il va me laisser.

-S’il vous plaît…s’il vous plaît.

Alors, il adopte une mine empreint de lassitude et Monsieur hésite, me fait patienter, le temps de montrer l’effort qu’il va faire pour m’offrir le privilège de se remettre tout à son entreprise -entreprise qui en fait est loin de lui déplaire-, car il retrouve sa fougue, plonge sa langue sur ma vulve, taquine l’endroit avec adresse et ce n’est pas long. Je jouis, c’est à nouveau un orgasme violent. Un cri étouffe en mordant mon poing serré, et je sombre épuisée. Il m’attire contre son flanc en s’allongeant. Je le vois fermer les paupières, s’apaiser, un léger sourire sur les lèvres. Ce genre de petits jeux lui plaisent beaucoup, il est ravi et notre soirée doit s’achever. Après un bien trop court instant il me commande d’aller me rafraîchir et de me rhabiller. Lorsque je reviens dans la chambre Alexandre s’est assoupie, un bras plié sous la nuque. Sans hâte et sans bruit je m’habille tout en le contemplant. Sur la pointe des pieds, j’ avance doucement, tout doucement vers  lui. Sa chemise ouverte, je vois cette étrange marque sur sa poitrine. Je m’approche un peu plus. J’essaie d’examiner. Mon poignet est fermement saisit, le sang cogne dans mes tempes, j’en vacille presque. Il s’aide en me tenant, se redresse.

-Je suis exténué jolie Klara.

Il n’a pas remarqué dans son réveille, la frousse qu’il vient de me faire. Il se lève, fait quelques pas en se frottant des deux mains la figure, balaie ses cheveux en arrière, s’étire les bras bien haut.

-Il faut pourtant que je veille encore un peu.

Il enfile son pantalon sous les pans de sa longue chemise, boucle sa ceinture, prend ma main et m’emmène dans le hall. Mon par-dessus enfilé, il vient poser son baiser sur mon front. Cette fois, sans hésiter, je le prends dans mes bras, je l’enlace et je le serre fort. Sa main remonte dans mes cheveux. J’ai peur. Je me vois valdinguer en arrière, mes cheveux empoignés, tordus. Non. Affectueusement Alexandre chiffonne ma chevelure, me serre contre lui. J’ose, alors j’ose poser mes lèvres sur ses lèvres. J’ose l’embrasser . Il prend mon visage dans ses mains, détache ses lèvres des miennes, m’offre en échange un dernier petit baiser puis gentiment me prévient:

-Les prochaines fois, je veux entendre ton plaisir. Ne te retiens pas, cris.

Il caresse du dos de son index ma joue et n’oublie pas son : «Prends soin de toi. »

Est-il utile de préciser  que je ne vais pas de sitôt oublier cette soirée. Dans la berline, tout au long du trajet, ces moments si intenses sont restés lointains. C’est ahurissant. Je ne me serais jamais doutée ne faire que si peu de cas de cette épreuve, à un moment pourtant j’ai bien cru mourir dans les mains de ce type. Egorgée. Mais je ne gardais en tête que ce dernier baiser, mon baiser, ce baiser que je lui avais offert.

Ne restez pas sur votre faim ! et lisez nos autres récits érotiques !